On dit aujourd’hui que l’intestin est la pièce maîtresse du système immunitaire, pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, l’intestin a comme fonction principale une fonction de digestion, mais ce n'est pas la seule. L'intestin est le premier organe porteur de nos défenses immunitaires : c'est un monde d’équilibres et de relations complexes qui, si il se dérègle, conduit à des réactions allergiques et inflammatoires.
Le système immunitaire a pour fonction de nous protéger des agresseurs (virus, bactéries…). L’intestin remplit cette fonction grâce à un écosystème complexe régulé par un grand nombre de fonctions qui régissent l'Equilibre. Si un déséquilibre s’installe, nos défenses naturelles sont moins performantes et c’est la porte ouverte aux maladies.
Concrètement, comment s’organise l’intestin pour nous défendre ?
L’immunité régie par l’intestin présente trois niveaux de défense : le système immunitaire intestinal proprement dit (cellules dédiées), la muqueuse ou barrière intestinale, et le microbiote.
Chaque composant observe un rôle précis mais la perturbation de l’un entraîne celle de l’ensemble du système.
Les cellules immunitaires défendent l’organisme en s’attaquant aux germes pathogènes.
La muqueuse digestive, couche la plus superficielle de la paroi du tube digestif, a un rôle protecteur contre les agressions (infections, acidité), un rôle sécrétoire et un rôle d'absorption des nutriments. Il s’agit d’une barrière plus ou moins perméable selon les besoins : elle laisse passer certaines substances et barre la route aux agents pathogènes.
Enfin, le microbiote intestinal qui intègre l’ensemble des micro-organismes localisés au niveau de l’intestin grêle et du côlon. Chaque individu héberge principalement plusieurs centaines d’espèces bactériennes différentes. On dénombre également des champignons, et des phages (virus ciblant les bactéries) qui ont la faculté de réguler les populations bactériennes.
Le microbiote joue un rôle essentiel dans l’immunité, les bactéries présentant de multiples fonctions dont celle de stimuler le processus de tolérance et de défense des cellules immunitaires. Le microbiote participe à la reconnaissance des aliments absorbés (bon / pas bon). Certaines bactéries dites commensales (bonnes pour notre organisme) empêchent aussi les bactéries pathogènes de s’installer en « monopolisant le terrain » par exemple. Les bactéries du microbiote agissent également sur la perméabilité de la barrière intestinale.
Un système immunitaire défaillant au niveau de l’intestin conduit à quels types de pathologies ?
Difficile de vous répondre tant de nombreux domaines sont concernés !
Les maladies auto-immunes sont bien-sûr au premier rang. Un dysfonctionnement immunitaire serait aussi en cause dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Évoquons le cas des allergies : il s’agit en fait de réactions exacerbées de défense de l’organisme contre des substances habituellement connues. Mais si un déséquilibre du microbiote s’installe, cela peut conduire à une intolérance de l’aliment ou de la bactérie. Ces derniers deviennent des agresseurs contre nos propres tissus, des allergènes.
Un déséquilibre du microbiote agirait sur la barrière intestinale, en augmentant sa perméabilité. Les jonctions des cellules épithéliales se relâchent et laissent passer des éléments toxiques pour l’organisme. Ce type d’allergie provoque des micro-inflammations digestives (sources de douleurs locales, de diarrhées, de ballonnements), voire des réactions à distance type réaction cutanée.
Sachant cela, comment peut-on agir ?
Il existe une très forte variabilité au niveau du microbiote de chacun ! On peut heureusement agir sur ce dernier en modifiant notamment son mode de vie et spécifiquement son alimentation.
La route est plus ou moins longue pour chacun mais l’alimentation est primordiale.
Spécialiste des acides gras essentiels, je peux vous dire comment ils agissent en faveur d’un bon microbiote mais élargissez vos connaissances sur une alimentation bonne pour le microbiote (légumes à fibres, fruits, alimentation diversifiée, bon gras, réduction du sucre, …). L’exercice physique est aussi un pilier d’une bonne défense immunitaire !
Terminons alors sur les acides gras et leur rôle dans les défenses immunitaires de notre organisme
Je vais vous parler tout d’abord du rôle constitutif des acides gras essentiels (oméga-3 et 6). Ces derniers entrent en effet dans la composition de toutes nos membranes cellulaires.
J'ai évoqué la mono couche cellulaire de l’épithélium intestinal : ces cellules changent tous les trois jours. C’est le premier taux de renouvellement du corps humain ! Elles ont un rôle de barrière mais aussi d’absorption de nos nutriments. Imaginez l’importance de leur membrane. Un apport équilibré en oméga-3 permet à cette membrane d’être souple et fluide, caractéristiques indispensables à son bon fonctionnement. Au passage, cela vaut aussi pour toutes nos cellules !
Par ailleurs, si on parle du microbiote, de nombreuses études indiquent une corrélation entre un équilibre en oméga-3 et un microbiote en bonne santé.
Un apport excessif en oméga-6 favorise notamment une prolifération bactérienne dans l’intestin et inhibe la prolifération de probiotiques ce qui conduit à une dysbiose (déséquilibre de l’intestin).
Enfin, on souligne une corrélation entre un grand nombre de maladies inflammatoires chroniques et l’excès des oméga-6 par rapport aux oméga-3.
Dernier point, nos intestins sont souvent encrassés. Des détritus, issus d’aliments fermentés ou en putréfaction car mal digérés, peuvent s’agglomérer et empêcher l’intestin de faire son travail notamment en masquant les cellules immunitaires. Absorber de l’huile a une action mécanique de nettoyage de ces « plaques ».
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